Tout cet hiver - Étienne Jodelle

Tout cet hiver par l’âpre et l’aigre véhémence

De longue maladie a sur moi tempêté

Plus que sur un vaisseau dans la mer tourmenté

N’eût fait son orageuse et froide violence.

 

Mais de mes maux le pire était la dure absence

De mon Soleil sans qui je hairais la clarté

De l’autre qui, m’ayant son Printemps présenté,

De ma Dame me rend quant et quant la présence.

 

Mais comme de l’hiver la queue on voit durer,

Le Printemps fait mon corps aussi bien endurer

Que l’hiver et le Ciel de mes maux ne se lasse.

 

Or si ma faute, hélas ! faite en mon long séjour,

De ne voir mon Soleil le rend trouble au retour,

Mon malheur du Printemps mes maux de l’hiver passe.

 

Publié à titre posthume en 1574

Je suis Étienne Jodelle, poète et dramaturge né à Paris en 1532, et l’un des premiers membres de la Pléiade, ce groupe de jeunes poètes réunis autour de Ronsard pour renouveler la langue française. Inspiré par les classiques grecs et latins, j’ai tenté d’apporter la tragédie et la comédie à la scène française avec des œuvres comme Cléopâtre captive et L’Eugène. Mon ambition était de créer un théâtre en français aussi riche que celui de l’Antiquité, et ma première pièce, jouée devant Henri II, marqua un tournant pour les lettres françaises. Bien que ma carrière ait eu ses hauts et ses bas, j’ai toujours été animé par la passion d’élever notre langue et de capturer la beauté du monde. Mon style et mes innovations, j’ose espérer, ont influencé les générations suivantes.

Panier

La Boutique est temporairement fermée ! Intéressé.e ? Inscris-toi pour être prévenu.e lors de la réouverture

X
Retour en haut