Petites misères d’août - Jules Laforgue

Oh ! quelle nuit d’étoiles, quelles saturnales !

Oh ! mais des galas inconnus

Dans les annales

Sidérales !

Bref, un Ciel absolument nu !

 

Ô Loi du Rythme sans appel !

Que le moindre Astre certifie

Par son humble chorégraphie

Mais nul spectateur éternel.

 

Ah ! la Terre humanitaire

N’en est pas moins terre-à-terre !

Au contraire.

 

La Terre, elle est ronde

Comme un pot-au-feu,

C’est un bien pauv’ monde

Dans l’Infini bleu.

 

Cinq sens seulement, cinq ressorts pour nos Essors….

Ah ! ce n’est pas un sort !

Quand donc nos coeurs s’en iront-ils en huit-ressorts ! ….

 

1917 – Des Fleurs de bonne volonté

Portrait de Jules LaforgueJe suis Jules Laforgue, né en 1860, et ma poésie reflète une vision parfois ironique et toujours profonde de la vie, des émotions humaines et des contradictions de la nature. Dans Petites misères d’août, j’évoque l’été avec une certaine mélancolie, presque un détachement, en observant les petites faiblesses de la saison. L’été, pour moi, est une période de chaleur accablante où, au lieu de la légèreté que l’on attend, l’âme peut se sentir un peu lasse, un peu accablée par la chaleur et la lourdeur du temps. Le poème capture cette sorte de désillusion estivale, où les jours semblent s’étirer sans fin et où les petites misères du quotidien prennent plus de place. C’est un regard sur l’été qui va au-delà de l’idéalisme habituel, cherchant plutôt à saisir l’aspect plus intime et plus nuancé de la saison.

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