Bannières de mai - Arthur Rimbaud
Aux branches claires des tilleuls
Meurt un maladif hallali.
Mais des chansons spirituelles
Voltigent parmi les groseilles.
Que notre sang rie en nos veines,
Voici s’enchevêtrer les vignes.
Le ciel est joli comme un ange.
L’azur et l’onde communient.
Je sors. Si un rayon me blesse
Je succomberai sur la mousse.
Qu’on patiente et qu’on s’ennuie
C’est trop simple. Fi de mes peines.
je veux que l’été dramatique
Me lie à son char de fortunes
Que par toi beaucoup, ô Nature,
– Ah moins seul et moins nul ! – je meure.
Au lieu que les Bergers, c’est drôle,
Meurent à peu près par le monde.
Je veux bien que les saisons m’usent.
A toi, Nature, je me rends ;
Et ma faim et toute ma soif.
Et, s’il te plaît, nourris, abreuve.
Rien de rien ne m’illusionne ;
C’est rire aux parents, qu’au soleil,
Mais moi je ne veux rire à rien ;
Et libre soit cette infortune.
1872 dans son recueil Derniers vers
Je suis Arthur Rimbaud, né en 1854, et ma poésie est un voyage à travers l’inconnu, la révolte et la beauté brutale du monde. Dans mon poème Bannières de mai, je capture l’âme vibrante de l’été, ce moment où la nature semble éclater en mille couleurs, presque trop intense pour être pleinement saisie. L’été, pour moi, est une période de métamorphoses, où tout prend une dimension plus grande, plus sauvage. J’aime décrire ces instants où le ciel se couvre de « bannières » et où la chaleur envahit l’horizon. Mon écriture se nourrit de ce foisonnement, de ce vertige sensuel. J’ai toujours voulu repousser les frontières du langage et des sensations.