Un jour, quand de l’yver … – Jean-Antoine de Baïf
Un jour, quand de l’yver l’ennuieuse froidure
S’atiedist, faisant place au printems gracieux,
Lorsque tout rit aux champs, et que les prez joyeux
Peingnent de belles fleurs leur riante verdure;
Près du Clain tortueux, sous une roche obscure,
Un doux somme ferma d’un doux lien mes yeux.
Voyci en mon dormant une clairté des cieux
Venir l’ombre enflâmer d’une lumiere pure.
Voyci venir des cieux, sous l’escorte d’Amour,
Neuf nymphes qu’on eust dit estre toutes jumelles;
En rond aupres de moy elles firent un tour.
Quand l’une, me tendant de myrte un verd chapeau,
Me dit: Chante d’amour d’autres chansons nouvelles,
Et tu pourras monter à nostre sain coupeau.
Entre 1552 et les années 1580
Je suis Jean-Antoine de Baïf, né en 1532, poète de la Renaissance et membre de la célèbre Pléiade, ce groupe de poètes réunis autour de Ronsard pour enrichir la langue française. Dès mon enfance, j’ai baigné dans les lettres, ayant reçu une éducation classique et humaniste sous l’aile du grand érudit Dorat. Passionné par l’innovation littéraire, j’ai cherché à mêler musique et poésie en créant une forme appelée vers mesurés, inspirée des rythmes de la poésie grecque. Mon ambition m’a également conduit à fonder l’Académie de poésie et de musique en 1570, la première tentative de réunir poésie et mélodie en France. Mes écrits célèbrent souvent la nature et les plaisirs de la vie, et malgré les siècles, j’aime penser que mes œuvres continuent de faire vibrer ceux qui les découvrent.