À tous les enfants - Boris Vian
A tous les enfants
Qui sont partis le sac au dos
Par un brumeux matin d’avril
Je voudrais faire un monument
A tous les enfants
Qui ont pleuré le sac au dos
Les yeux baissés sur leurs chagrins
Je voudrais faire un monument
Pas de pierre, pas de béton
Ni de bronze qui devient vert
Sous la morsure aiguës du temps
Un monument de leur souffrance
Un monument de leur terreur
Aussi de leur étonnement
Voilà le monde parfumé
Plein de rires, pleins d’oiseaux bleus
Soudain griffé d’un coup de feu
Un monde neuf où sur un corps
Qui va tomber
Grandit une hache de sang
Mais à tous ceux qui sont restés
Les pieds au chaud sous leur bureau
En calculant le rendement
De la guerre qu’ils ont voulue
A tous les gras tous les cocus
Qui ventripotent dans la vie
Et comptent comptent leurs écus
A tous celui-là je dresserai
Le monument qui leur convient
Avec la schlague, avec le fouet
Avec mes pieds avec mes poings
Avec des mots qui colleront
Sur leurs faux-plis sur leurs bajoues
Des larmes de honte et de boue
Publié dans le recueil « Chansons, poèmes écrits après la Seconde Guerre mondiale entre 1954 et 1959 »
Je suis Boris Vian, né en 1920 à Ville-d’Avray, et la poésie a toujours été ma manière d’exprimer mes pensées et mes émotions. Dans mon poème « À tous les enfants », j’aborde avec tendresse et mélancolie les thèmes du printemps et de la guerre. J’ai écrit ce texte pendant une période où la paix semblait un rêve lointain, et j’ai voulu offrir un message d’espoir et d’amour aux générations futures. Mon style, souvent ludique et audacieux, reflète mon engagement contre l’absurdité de la guerre, tout en célébrant la beauté de la vie. À travers mes vers, j’espère toucher le cœur des lecteurs et leur rappeler l’importance de préserver la paix et d’apprécier les joies simples du printemps. Chaque poème est pour moi une invitation à rêver et à croire en un monde meilleur, où les enfants peuvent grandir dans la joie et la sérénité.