La chanson des Félibres - Théodore Aubanel
Souto lou grand cèu blanc,
L’oundado negro
Miraio, en barrulant,
La luno alegro !
Dóu goutique Avignoun
Palais e tourrihoun
Fan de dentello
Dins lis estello.
Avignoun, grasiha,
De l’escandiho,
Tambèn de fes que i’a
Lou jour soumiho !
Mai, s’acampo au soulèu
Si gai felibre, lèu
Es di cigalo
La capitalo….
Sous le grand ciel blanc,
le flot sombre
reflète, en roulant,
la lune joyeuse !
Du gothique Avignon
palais et tourelles
font des dentelles
dans les étoiles…
Avignon, grillé,
de rayons,
tout de même quelquefois
le jour sommeille !
Mais, s’il assemble au soleil
ses gais félibres,
vite il devient des
cigales la capitale…
Date de publication inconnue
Théodore Aubanel (1829-1886) était un poète et dramaturge provençal, né à Avignon, où il a passé la majeure partie de sa vie. Membre fondateur du mouvement littéraire des Félibres, aux côtés de Frédéric Mistral et Joseph Roumanille, il a joué un rôle clé dans la renaissance de la langue et de la culture provençales au XIXe siècle. Son œuvre, écrite en occitan et en français, célèbre la beauté de sa région natale, notamment Avignon, ses paysages et ses traditions. Dans « La chanson des Félibres », il rend hommage à l’esprit de camaraderie et à l’amour de la Provence qui unissaient les membres de ce mouvement. Aubanel était également imprégné d’un lyrisme passionné, souvent inspiré par ses amours et ses émotions intimes. Son héritage littéraire reste un pilier de la culture provençale.