Chanson des cigales - Jean Aicard

Cigales, mes sœurs,

Qu’importe à nos cœurs

La richesse des granges pleines ?

Pourvu que nos voix

Sonnent par les bois

Quand midi flambe sur les plaines ?

 

Laissons la fourmi

Se glisser parmi

L’amas gisant des blondes gerbes,

Et les noirs grillons,

Hôtes des sillons,

Sautiller dans l’ombre des herbes.

 

Heureuses de peu,

Pourvu qu’un ciel bleu

Resplendisse à travers les branches,

Nous, nous comptons sur

La manne d’azur

Dont se nourrissent les pervenches.

 

Par les froids hivers

Nous n’allons pas vers

Ceux qui n’ont pas la voix ou l’aile ;

Dès qu’a fui l’été,

Nous avons été…

Mais notre gloire est immortelle.

 

Publié en 1874 dans le recueil Les Poèmes de Provence.

Portrait de Jean François Victor AicardJean Aicard, poète du Midi par excellence, savait mieux que personne capturer l’âme chantante du Sud. Dans Chanson des cigales, il fait vibrer la Provence et la Côte d’Azur sous le soleil brûlant, au rythme lancinant du chant des cigales. Pour lui, ces petites musiciennes de l’été ne sont pas qu’un bruit de fond, mais une véritable mélodie qui accompagne la douceur de vivre méditerranéenne. Né à Toulon, Aicard a toujours eu une tendresse particulière pour la nature ensoleillée et la mer scintillante, qu’il évoque avec une poésie lumineuse. Ses vers respirent la chaleur des après-midis d’été, la lumière dorée des collines et le bonheur simple d’un paysage baigné de soleil. Avec cette chanson dédiée aux cigales, il nous offre un instantané sonore et sensoriel de la Côte d’Azur, où le temps semble suspendu sous l’ardeur du ciel.

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