Le village - Louis Genari

Ayant clos ses mornes yeux d’or,

Pendant que hulule un hibou

Le village triste s’endort

Et dort, sous la lune, debout.

Mais il est si vieux, si peu sûr,

Qu’il tremble en le vent qui bruit

Et vers l’abîme, dans la nuit,

Chancelle comme un pan de mur.

Au jour, il paraissait hardi

Sans peur d’être monté si haut,

Et jetait ses cris à l’écho ;

Au soir, il s’affaisse alourdi.

Cassé, puis, s’entr’ouvre et, sans cris,

S’écroule en un brusque trépas :

Blanc nuage qui vient d’en bas,

Son âme s’enfuit des débris.

 

Date de publication inconnue

Louis Genari, poète de l’âme méditerranéenne, peint dans Le village une scène nocturne où la nature et l’histoire d’un village se confondent dans une lente agonie. Par ses vers, il capte la mélancolie d’un lieu déclinant, dont l’immobilité sous la lune contraste avec les souvenirs d’une époque plus vibrante. La poésie de Genari s’inspire de son environnement niçois, où le passé et le présent se côtoient dans une atmosphère de sérénité déclinante. Son écriture, à la fois profonde et intime, explore des thèmes de fragilité et de passage du temps, qu’il s’agisse de la nature, des paysages ou des êtres humains. À travers des images poignantes, Genari crée une poésie marquée par la lente érosion des choses, à l’image de ce village qui, malgré sa grandeur passée, se laisse envahir par la nuit et le silence.

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