Paris bloqué - Victor Hugo
Ô ville, tu feras agenouiller l’histoire.
Saigner est ta beauté, mourir est ta victoire.
Mais non, tu ne meurs pas. Ton sang coule, mais ceux
Qui voyaient César rire en tes bras paresseux,
S’étonnent : tu franchis la flamme expiatoire,
Dans l’admiration des peuples, dans la gloire,
Tu retrouves, Paris, bien plus que tu ne perds.
Ceux qui t’assiègent, ville en deuil, tu les conquiers.
La prospérité basse et fausse est la mort lente ;
Tu tombais folle et gaie, et tu grandis sanglante.
Tu sors, toi qu’endormit l’empire empoisonneur,
Du rapetissement de ce hideux bonheur.
Tu t’éveilles déesse et chasses le satyre.
Tu redeviens guerrière en devenant martyre ;
Et dans l’honneur, le beau, le vrai, les grandes moeurs,
Tu renais d’un côté quand de l’autre tu meurs.
1872 – dans le recueil L’Année Terrible.
Je suis Victor Hugo, né en 1802, et Paris a toujours été plus qu’une ville pour moi : c’est un symbole, une muse, et parfois un combat. Dans mon poème Paris bloqué, écrit en 1870 pendant le siège de la capitale, je témoigne des souffrances et de la résilience des Parisiens face à l’adversité. À travers mes vers, je voulais capturer cette période sombre où la ville, encerclée et affamée, ne perdait pourtant pas son âme ni son courage. Paris, c’est cette force qui me fascine, une ville capable de renaître de ses cendres, d’affronter les épreuves et de toujours se relever. Ce poème, c’est aussi mon cri d’indignation et d’espoir, mon hommage à une capitale qui, même dans l’horreur, reste la lumière du monde. Pour moi, Paris, c’est l’éternité en mouvement.