Le Pays - Auguste Brizeux
Oh ! Ne quittez jamais, c’est moi qui vous le dis,
Le devant de la porte où l’on jouait jadis,
L’église où, tout enfant, et d’une voix légère,
Vous chantiez à la messe auprès de votre mère ;
Et la petite école où, traînant chaque pas,
Vous alliez le matin, oh ! Ne la quittez pas !
Car une fois perdu parmi ces capitales,
Ces immenses Paris, aux tourmentes fatales,
Repos, fraîche gaîté, tout s’y vient engloutir,
Et vous les maudissez sans pouvoir en sortir.
Croyez qu’il sera doux de voir un jour peut-être
Vos fils étudier sous votre bon vieux maître,
Dans l’église avec vous chanter au même banc,
Et jouer à la porte où l’on jouait enfant.
Publié en 1874 dans le recueil Marie, Alphonse Lemerre, éditeur, 1 (p. 74).
Auguste Brizeux, poète et écrivain breton du XIXe siècle, est un auteur profondément attaché à sa région et à son héritage culturel. Né en 1803 à Lorient, il est souvent considéré comme l’un des pionniers du romantisme breton, exprimant dans ses œuvres l’amour de sa terre natale et de ses traditions. Dans son poème Le Pays, Brizeux rend hommage à la Bretagne, en évoquant sa beauté sauvage, ses paysages, et son peuple fièrement ancré dans ses racines. Le poème, à la fois mélancolique et plein de noblesse, dépeint le contraste entre les charmes de la Bretagne et les défis auxquels ses habitants sont confrontés. À travers des vers empreints de lyrisme, il immortalise l’âme bretonne, marquée par une histoire riche et complexe. Brizeux reste une figure essentielle de la poésie bretonne et de la littérature française.