Printemps de Bretagne - Charles Le Goffic

À Armand Dayot.

 

Une aube de douceur s’éveille sur la lande :

Le printemps de Bretagne a fleuri les talus.

Les cloches de Ker-Is l’ont dit jusqu’en Islande

Aux pâles « En-Allés » qui ne reviendront plus.

 

Nous aussi qui vivons et qui mourrons loin d’elle,

Loin de la douce fée aux cheveux de genêt,

Que notre cœur au moins lui demeure fidèle :

Renaissons avec elle à l’heure où tout renaît.



Ô printemps de Bretagne, enchantement du monde !

Sourire virginal de la terre et des eaux !

C’est comme un miel épars dans la lumière blonde :

Viviane éveillée a repris ses fuseaux.

 

File, file l’argent des aubes aprilines !

File pour les landiers ta quenouille d’or fin !

De tes rubis, Charmeuse, habille les collines ;

Ne fais qu’une émeraude avec la mer sans fin.

 

C’est assez qu’un reflet pris à tes doigts de flamme,

Une lueur ravie à ton ciel enchanté,

Descende jusqu’à nous pour rattacher notre âme

À l’âme du pays qu’a fleuri ta beauté !

 

Publié en 1922 dans le recueil Poésies complètes, Librairie Plon (p. 107-108).

Portrait de Charles Le GofficCharles Le Goffic, poète et écrivain breton né en 1865, est surtout connu pour sa poésie ancrée dans les paysages et les traditions de la Bretagne. Il fait partie de la génération symboliste et se distingue par sa capacité à exprimer la force et la beauté de sa terre natale. Dans son poème Printemps de Bretagne, il célèbre la nature bretonne avec une passion vibrante, évoquant l’éveil de la terre et la renaissance de la mer sous les premiers rayons du soleil. À travers ses vers, Le Goffic rend hommage à la Bretagne, à ses paysages sauvages et à son climat unique. L’auteur se fait le chantre des légendes et des rites populaires de la région, tout en insufflant à ses poèmes une dimension presque mystique. Avec son style riche et imagé, il parvient à capturer l’âme de la Bretagne, entre beauté et mélancolie.

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