Odelette anacréontique - Théophile Gautier

Pour que je t’aime, ô mon poëte,

Ne fais pas fuir par trop d’ardeur

Mon amour, colombe inquiète,

Au ciel rose de la pudeur.

 

L’oiseau qui marche dans l’allée

S’effraye et part au moindre bruit ;

Ma passion est chose ailée

Et s’envole quand on la suit.

 

Muet comme l’Hermès de marbre,

Sous la charmille pose-toi ;

Tu verras bientôt de son arbre

L’oiseau descendre sans effroi.

 

Tes tempes sentiront près d’elles,

Avec des souffles de fraîcheur,

Une palpitation d’ailes

Dans un tourbillon de blancheur,

 

Et la colombe apprivoisée

Sur ton épaule s’abattra,

Et son bec à pointe rosée

De ton baiser s’enivrera.


1852 dans le recueil Émaux et Camées

Portrait de Théophile Gautier (1811-1872), ecrivain francais. ©Bianchetti/Leemage

Je suis Théophile Gautier, né en 1811 à Tarbes, et la poésie a toujours été mon moyen d’expression privilégié. Dans mon poème « Odelette anacréontique », je célèbre le printemps avec une légèreté et une sensualité qui reflètent mon admiration pour la nature et la beauté de la vie. J’ai toujours été inspiré par l’idée de profiter de chaque instant, et ce poème incarne parfaitement cette philosophie. Mon style, souvent riche et musical, cherche à capturer les émotions et les sensations que suscite le renouveau de la nature. En tant que membre du mouvement parnassien, je valorise l’art pour l’art et m’efforce de créer des images évocatrices qui touchent le cœur. À travers mes vers, j’espère encourager chacun à s’émerveiller devant la magie du printemps et à célébrer les plaisirs simples que cette saison apporte, car chaque jour est une occasion de joie et d’évasion.

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