À deux beaux yeux - Théophile Gautier

Vous avez un regard singulier et charmant ;

Comme la lune au fond du lac qui la reflète,

Votre prunelle, où brille une humide paillette,

Au coin de vos doux yeux roule languissamment ;

 

Ils semblent avoir pris ses feux au diamant ;

Ils sont de plus belle eau qu’une perle parfaite,

Et vos grands cils émus, de leur aile inquiète,

Ne voilent qu’à demi leur vif rayonnement.

 

Mille petits amours, à leur miroir de flamme,

Se viennent regarder et s’y trouvent plus beaux,

Et les désirs y vont rallumer leurs flambeaux.

 

Ils sont si transparents, qu’ils laissent voir votre âme,

Comme une fleur céleste au calice idéal

Que l’on apercevrait à travers un cristal.

 

Publié en 1838 dans le recueil La comédie de la mort.

Portrait de Théophile Gautier
Portrait de Théophile Gautier (1811-1872), ecrivain francais. ©Bianchetti/Leemage

Théophile Gautier, né en 1811 à Tarbes et mort en 1872 à Neuilly-sur-Seine, était un écrivain, poète et critique d’art français. Initialement attiré par la peinture, il se tourne vers la littérature après sa rencontre avec Victor Hugo en 1829. Gautier participe activement au mouvement romantique avant de s’en détacher pour devenir un précurseur du Parnasse. Auteur prolifique, il excelle dans divers genres littéraires, notamment la poésie, les contes fantastiques et les récits de voyage. Son recueil « Émaux et camées » (1852) lui apporte la reconnaissance de ses pairs, dont Baudelaire qui lui dédie « Les Fleurs du mal ». Le poème « À deux beaux yeux », publié en 1838 dans « La comédie de la mort », illustre son talent pour décrire la beauté féminine avec élégance et sensualité.

Panier
Retour en haut