À la belle impérieuse - Victor Hugo

L’amour, panique

De la raison,

Se communique

Par le frisson.

 

Laissez-moi dire,

N’accordez rien.

Si je soupire,

Chantez, c’est bien.

 

Si je demeure,

Triste, à vos pieds,

Et si je pleure,

C’est bien, riez.

 

Un homme semble

Souvent trompeur.

Mais si je tremble,

Belle, ayez peur.

 

Publié en 1865 dans le recueil Les chansons des rues et des bois.

Victor Hugo, monument de la littérature française du XIXe siècle, a insufflé dans ses Poèmes d’amour intemporels une alchimie unique entre passion romantique et profondeur philosophique. À la belle impérieuse, publié en 1865 dans Les Chansons des rues et des bois, révèle cette tension caractéristique entre désir et retenue à travers son dialogue amoureux oscillant (« Laissez-moi dire/N’accordez rien »).

L’auteur des Contemplations y déploie un lyrisme paradoxal où la fragilité masculine (« Si je pleure/C’est bien, riez ») se mue en avertissement passionné (« si je tremble/Belle, ayez peur »), reflétant sa conception de l’amour comme force tellurique capable de renverser les certitudes rationnelles (« L’amour, panique/De la raison »). Ce recueil, composé pendant son exil à Guernesey, marque un tournant vers une poésie plus sensorielle, où la nature devient complice des émois amoureux.

Hugo, qui écrivait « L’amour, c’est le seul piédestal qui grandisse les statues », transforme ici l’expérience intime en archétype universel, prouvant que les palpitations du cœur défient les époques. Son génie réside dans cette capacité à élever le sentiment amoureux au rang de manifeste existentiel.

Panier
Retour en haut