Aime-moi d'amour - François-Marie Robert-Dutertre

Ce que j’aime à voir, ce que j’aime au monde,

Ce que j’aime à voir,

Veux-tu le savoir ?

Ce sont tes beaux yeux, c’est ta taille ronde,

Ce sont tes beaux yeux,

Tes yeux langoureux.

Ce que j’aime encore je vais te l’apprendre,

Ce que j’aime encore

Plus qu’aucun trésor,

Ce sont tes doux chants, c’est ta voix si tendre,

Ce sont tes doux chants,

Plaintifs et touchants.

Ce qui cause en moi la plus douce ivresse,

Ce qui cause en moi

Le plus tendre émoi,

C’est de voir ton cœur vibrer de tendresse,

C’est de voir ton cœur

Trembler de bonheur.

Enfin, si tu veux répondre à ma flamme,

Enfin si tu veux

Combler tous mes vœux,

Jusqu’au dernier jour garde-moi ton âme,

Jusqu’au dernier jour

Aime-moi d’amour.

Publié en 1866 dans le recueil Les loisirs lyriques.

Portrait de François-Marie Robert-DutertreFrançois-Marie Robert-Dutertre (1815-1898), né à Ernée en Mayenne et mort à Paris, incarne une figure singulière du XIXe siècle français, mêlant engagement politique et création poétique. Juriste de formation puis adjoint au maire d’Ernée pendant dix-sept ans, il consacra une partie de sa vie à l’écriture, oscillant entre traités agricoles – comme Principes généraux d’agriculture (1861) – et une production littéraire marquée par son libre-pensé. C’est dans son recueil Les Loisirs lyriques (1866) que s’épanouit sa veine amoureuse, notamment à travers Aime-moi d’amour, poème structuré en quatrains et distiques où le désir se mue en déclaration intemporelle. Par un jeu de répétitions et d’accumulations – « Ce que j’aime à voir », « Ce sont tes beaux yeux » –, le poète capte l’essence universelle de l’amour à travers les détails sensuels (voix, regard, frémissement du cœur), transformant l’aveu passionné en pacte éternel : « Jusqu’au dernier jour / Aime-moi d’amour ». Cette oscillation entre simplicité formelle et profondeur émotionnelle caractérise son approche lyrique, où l’intime dialogue avec les grands idéaux républicains qu’il défendait par ailleurs.

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