Certitude - Paul Eluard

Si je te parle c’est pour mieux t’entendre

Si je t’entends je suis sûr de te comprendre

 

Si tu souris c’est pour mieux m’envahir

Si tu souris je vois le monde entier

 

Si je t’étreins c’est pour me continuer

Si nous vivons tout sera à plaisir

 

Si je te quitte nous nous souviendrons

En te quittant nous nous retrouverons.

 

Publié en 1951 dans le recueil Le Phénix

Photographie de Paul EluardPaul Éluard (1895-1952), de son vrai nom Eugène Grindel, incarne l’union entre l’engagement politique et la passion amoureuse, tissant une œuvre où l’intime devient universel. Figure majeure du surréalisme aux côtés d’André Breton, il transforme ses expériences personnelles en manifestes poétiques, notamment à travers ses muses successives – Gala, Nusch et Dominique. Son poème Certitude (1951), extrait du recueil Le Phénix, cristallise cette alchimie entre simplicité formelle et profondeur existentielle. Par un jeu d’anaphores (« Si je te… »), Éluard explore l’amour comme force de perpétuation de soi et du monde, où chaque geste (parler, sourire, étreindre) devient acte créateur. Les vers « Si je t’étreins c’est pour me continuer » révèlent sa vision d’un amour totalisant, échappant au temps par la mémoire (« nous nous souviendrons ») et la renaissance (« nous nous retrouverons »). Cette écriture dépouillée, héritée de sa période résistante où la poésie devenait arme de lutte, atteint ici une quintessence lyrique. Même engagé dans les combats de son siècle, Éluard n’a cessé de chanter l’amour comme certitude ultime contre l’éphémère.

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