Pygmalion - Louise Ackermann

Louise Ackermann, née en 1813 et décédée en 1890, fut une poétesse française dont l’œuvre mêle romantisme et profondeur philosophique. Si ses premières créations explorent des thèmes intimes comme l’amour et la nature, sa maturité littéraire se tourne vers des réflexions métaphysiques, marquant une transition entre le lyrisme romantique et la pensée existentialiste du XIXᵉ siècle. Dans son poème Pygmalion (1871), publié dans Premières Poésies, elle revisite le mythe du sculpteur épris de sa statue de marbre, transformant cette légende en une ode à la puissance créatrice de l’amour. Les vers « Du chef-d’œuvre toujours un cœur fut le berceau. / L’art, au fond, n’est qu’amour » révèlent sa conviction que l’artiste, qu’il manie palette ou ciseau, doit être animé par une passion ardente.

Ackermann y joue avec l’ambiguïté entre idéalisation et réalité : Pygmalion, convaincu d’embrasser un être de pierre, découvre soudain la chaleur de la vie dans ses bras, métaphore de la manière dont l’amour transcende l’illusion artistique. Cette tension entre illusion et vérité caractérise son style, où l’émotion romantique s’entrelace à une quête de sens universel. Bien que sa vie personnelle, marquée par un mariage tardif avec Paul Ackermann, ait nourri des thèmes amoureux, ses dernières œuvres, plus austères, abandonnent progressivement ces motifs au profit de méditations sur la mort et l’absolu. Pygmalion reste ainsi un témoignage de son équilibre entre lyrisme et profondeur, où le sentiment amoureux devient un acte de création à la fois intime et cosmique.