Réflexion amoureuse - Évariste de Parny

Je vais la voir, la presser dans mes bras.

Mon cœur ému palpite avec vitesse ;

Des voluptés je sens déjà l’ivresse ;

Et le désir précipite mes pas.

 

Sachons pourtant, près de celle que j’aime,

Donner un frein aux transports du désir ;

Sa folle ardeur abrège le plaisir,

Et trop d’amour peut nuire à l’amour même.

 

Publié en 1778 dans le recueil Poésies érotiques.

Portrait d'Évariste de ParnyÉvariste de Parny, né Évariste Désiré de Forges en 1753 sur l’île Bourbon (actuelle Réunion), était un poète français dont l’œuvre, bien que centrée sur l’amour et la sensualité, transcende les siècles grâce à son équilibre entre passion et retenue. Son recueil Poésies érotiques (1778), inspiré par un amour contrarié pour Esther Lelièvre, marque un tournant littéraire en mêlant élégance classique et audace intime. Dans Réflexion amoureuse, il capture l’ivresse du désir (« Des voluptés je sens déjà l’ivresse ») tout en prônant la modération (« Sa folle ardeur abrège le plaisir »), révélant une tension entre impulsion et sagesse. Bien que souvent associé à l’érotisme, son travail évite la licéité pour explorer l’amour comme expérience humaine universelle. Popularisé au XIXᵉ siècle, ses poèmes ont influencé des figures comme Chateaubriand et Pouchkine, attestant d’une résonance durable. Mort en 1814, Parny reste une figure emblématique du romantisme naissant, où l’amour se déploie entre émotion brute et réflexion mûrie.

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