Roses du soir - Renée Vivien

Des roses sur la mer, des roses dans le soir,

Et toi qui viens de loin, les mains lourdes de roses !

J’aspire ta beauté. Le couchant fait pleuvoir

Ses fines cendres d’or et ses poussières roses…

 

Des roses sur la mer, des roses dans le soir.

 

Un songe évocateur tient mes paupières closes.

J’attends, ne sachant trop ce que j’attends en vain,

Devant la mer pareille aux boucliers d’airain,

Et te voici venue en m’apportant des roses…

 

Ô roses dans le ciel et le soir ! Ô mes roses !

 

Publié en 1903 dans le recueil Évocations, Alphonse Lemerre, éditeur, (p. 105-106).

Portrait de Renée VivienRenée Vivien, née Pauline Mary Tarn en 1877 à Londres, a traversé les époques comme une figure mystérieuse de la poésie symboliste. Bien qu’elle ait vécu une existence éphémère – elle est morte à 32 ans –, son œuvre intemporelle capture l’essence de l’amour éternel à travers des images poétiques qui résistent au temps. Vivien, connue pour son héritage lesbien et sa fascination pour la Grèce antique, a tissé des vers où la nature et le sentiment s’unissent en une danse immuable. Son poème Roses du soir, publié en 1903 dans le recueil Évocations, incarne cette quête d’immortalité affective. Les « roses sur la mer » et le « soir » évoquent une beauté fragile mais persistante, tandis que les « mains lourdes de roses » symbolisent l’offrande d’un amour inconditionnel. Vivien mêle la sensualité des métaphores classiques à une mélancolie moderne, créant une alchimie où le désir et la nostalgie se fondent dans l’éternité du crépuscule. Son style, marqué par des répétitions rythmées et des images sensorielles, transcende les siècles en capturant l’essence universelle de l’amour, lovée dans les plis du temps comme une rose qui se fane sans mourir.

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