Tous deux - François-Marie Robert-Dutertre

Tous deux, pour nos amours invoquons le mystère,

Cachons à tous les yeux nos entretiens si doux ;

Car l’amour, vois-tu bien, c’est la fleur solitaire,

C’est l’oiseau qui s’enfuit au regard des jaloux.

 

Tous deux, quand le printemps ornera les prairies,

Pour mieux nous sentir seuls loin des bruits d’ici-bas,

Nous irons épancher nos douces rêveries

Sous les bosquets en fleurs où l’on parle tout bas.

 

Tous deux, nous goûterons des amours infinies,

Ma main pressant ta main, mes yeux cherchant tes yeux,

Nos cœurs se parleront sur nos lèvres unies

Et nous irons un jour ensemble vers les cieux.

 

Publié en 1866 dans le recueil Les loisirs lyriques.

Portrait de François-Marie Robert-DutertreFrançois-Marie Robert-Dutertre, né en 1815 à Ernée (Mayenne) et mort en 1898 à Paris, incarne un esprit à la fois engagé et poétique. Homme politique libre-penseur et écrivain polyvalent, il a traversé les domaines de l’agriculture, du théâtre et de la poésie avec une curiosité insatiable. Son recueil Les loisirs lyriques (1866), introduit par Emile de La Bédollière, révèle son talent pour les amours intemporels à travers des vers empreints de mystère et de tendresse. Son poème Tous deux y illustre cette quête : il y célèbre l’intimité partagée entre deux amants, comparant leur amour à une « fleur solitaire » et un « oiseau qui s’enfuit au regard des jaloux ». L’image du printemps et des bosquets en fleurs sert de cadre idéaliste à cette complicité, où les mains et les regards se mêlent pour rejoindre « les cieux ». Bien que moins célèbre que ses contemporains, Robert-Dutertre laisse une trace discrète mais persistante dans la poésie amoureuse du XIXᵉ siècle, mêlant classicisme et sensibilité romantique. Son engagement politique n’a pas éclipsé sa capacité à saisir les émotions universelles, faisant de lui un témoin des passions humaines traversant les époques.

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