En septembre - Paul Verlaine
Parmi la chaleur accablante
Dont nous torréfia l’été,
Voici se glisser, encor lente
Et timide, à la vérité,
Sur les eaux et parmi les feuilles,
Jusque dans ta rue, ô Paris,
La rue aride où tu t’endeuilles
De tels parfums jamais taris,
Pantin, Aubervilliers, prodige
De la Chimie et de ses jeux,
Voici venir la brise, dis-je,
La brise aux sursauts courageux…
La brise purificatrice
Des langueurs morbides d’antan,
La brise revendicatrice
Qui dit à la peste : va-t’en !
Et qui gourmande la paresse
Du poëte et de l’ouvrier,
Qui les encourage et les presse…
» Vive la brise ! » il faut crier :
» Vive la brise, enfin, d’automne
Après tous ces simouns d’enfer,
La bonne brise qui nous donne
Ce sain premier frisson d’hiver ! «
1866, Poèmes Saturniens
Je suis Paul Verlaine, né en 1844 à Metz, poète français et figure emblématique du symbolisme. Ma vie a été marquée par des passions tumultueuses et des excès, particulièrement dans ma relation avec Arthur Rimbaud, qui a transformé à jamais ma manière d’écrire et de vivre. J’ai publié mon premier recueil, Poèmes saturniens, en 1866, où l’on retrouve déjà ma fascination pour la mélancolie et les paysages intérieurs. Dans mes vers, comme ceux de Fêtes galantes ou Romances sans paroles, j’ai toujours recherché une musicalité qui laisse une empreinte douce-amère. Mon poème « Chanson d’automne » est sans doute l’un de mes plus connus, et il incarne ce mélange de tristesse et de beauté que je voulais transmettre. Malgré mes erreurs et mes tourments, j’ai toujours cherché à écrire avec sincérité, espérant que mes mots touchent le cœur de ceux qui, comme moi, connaissent la fragilité de l’âme.