Le lapin - Guillaume Apollinaire

Je connais un autre connin

Que tout vivant je voudrais prendre.

Sa garenne est parmi le thym

Des vallons du pays de Tendre.

 

Publié en 1911 dans le recueil Le Bestiaire, ou Cortège d’Orphée

Portrait de Guillaume ApollinaireGuillaume Apollinaire (1880-1918), ce poète aux origines polacco-italiennes qui révolutionna la littérature française, a ciselé des vers amoureux d’une modernité intemporelle. Figure clé des avant-gardes artistiques et inventeur du mot « surréalisme », il explore l’amour sous toutes ses facettes – de la passion orageuse à la tendresse fragile. Son Bestiaire ou Cortège d’Orphée (1911) révèle une pépite méconnue : « Le lapin », où le rongeur devient métaphore du désir insaisissable. À travers ces quatre vers – « Je connais un autre connin/Que tout vivant je voudrais prendre/Sa garenne est parmi le thym/Des vallons du pays de Tendre » –, Apollinaire réinvente la cartographie amoureuse du XVIIème siècle en mêlant symbolisme animalier et sensualité rustique. Ce poème épuré, loin des calligrammes audacieux de ses dernières années, capture l’essence d’un amour à la fois champêtre et universel, prouvant que même les petites bêtes peuvent inspirer de grandes émotions. Une œuvre où le thym des garrigues provençales rencontre les fantasmes urbains d’un poète-soldat, mort trop jeune mais dont l’art continue de nous ensorceler.

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