La Loire à Langeais - André Theuriet

À Madame H.C Jenkin

 

Large et lente, la Loire aux eaux éblouissantes

Se répand dans les prés aux clartés de midi.

Le sol brûle, là-bas les grèves blanchissantes

Sèchent au grand soleil leur limon attiédi.

 

Et sur les flots moirés dorment de vertes îles,

Ceintes de peupliers, d’aulnes et de bouleaux :

Rameaux flottants, feuillée épaisse, frais asiles,

Se bercent reflétés dans la splendeur des eaux.

 

Ouvrant ses bras d’argent, la royale rivière

Sur son sein qui frémit les presse avec amour ;

L’eau vers les saules gris, les saules vers l’eau claire,

Attirés et charmés s’avancent tour à tour.

 

Des vignes aux blés mûrs, tout parle de tendresse.

C’est un murmure sourd, un chant voluptueux ;

La Loire, tout entière à sa muette ivresse,

Baise avec passion les vieux saules noueux…

 

 

Vous revenez la nuit : vos amants, vos poètes

Marchent à vos côtés. Fiers, souriants et beaux,

Contant de gais propos, chantant des odelettes,

Les couples enlacés glissent sous les bouleaux.

 

 

Extrait de son recueil « Le Chemin des bois » publié en 1879

Portrait d'André TheurietAndré Theuriet, écrivain et poète du XIXe siècle, était un fin observateur de la nature et des paysages français. Dans La Loire à Langeais, il célèbre avec lyrisme la majesté du fleuve, qui serpente entre îles verdoyantes et grèves lumineuses. Son écriture, sensible et empreinte de romantisme, évoque une Loire presque amoureuse de ses rives, dans un balancement harmonieux entre terre et eau. Bien que Langeais soit au cœur du poème, la Loire relie naturellement cette vision poétique à Nantes et à tout son héritage maritime. Theuriet, attaché aux scènes bucoliques et à la douceur de vivre, compose ici une ode à la nature ligérienne, où la lumière, les reflets et le murmure du fleuve créent une atmosphère envoûtante. Son style délicat et musical fait écho aux traditions poétiques du XIXe siècle, où la Loire reste une source d’inspiration inépuisable.

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