De cet amour ardent je reste émerveillée - Andrée Chedid

Je reste émerveillée

Du clapotis de l’eau

Des oiseaux gazouilleurs

Ces bonheurs de la terre

Je reste émerveillée

D’un amour

Invincible

Toujours présent

 

Je reste émerveillée

De cet amour

Ardent

Qui ne craint

Ni le torrent du temps

Ni l’hécatombe

Des jours accumulés

 

Dans mon miroir

Défraîchi

Je me souris encore

Je reste émerveillée

Rien n’y fait

L’amour s’est implanté

Une fois

Pour toutes.

De cet amour ardent je reste émerveillée.

 

Andrée Chedid

 

Poème offert par Andrée Chedid au Printemps des poètes 2007

Portrait d'Andrée ChedidAndrée Chedid (1920-2011), née au Caire dans une famille syro-libanaise francophone, a forgé une œuvre poétique où l’amour se révèle comme une force transcendante face à l’usure du temps. Son parcours multiculturel – entre Égypte, Liban et Paris où elle s’installe dès 1946 – imprègne une écriture qui fusionne les sensualités orientales et la rigueur classique française. Le poème Je reste émerveillée, composé pour le Printemps des poètes 2007, condense sa vision d’un amour ardent survivant aux « torrents du temps » par la simplicité troublante de ses vers libres. Cette célébration de la permanence affective, où le miroir « défraîchi » devient témoin d’une flamme intacte, s’inscrit dans sa quête existentielle d’humanisme universel. Lauréate du Prix Goncourt de la poésie (2003), Chedid explore pendant six décennies les paradoxes de la passion à travers une trentaine de recueils, faisant dialoguer l’intime et le cosmique avec une grâce qui lui vaut d’être comparée aux grandes voix lyriques méditerranéennes. Mère du chanteur Louis Chedid et grand-mère de Matthieu Chedid (-M-), elle lègue une poétique de l’émerveillement où l’amour se mue en acte de résistance contre l’oubli.

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