La Rosée - Thibault Desbordes

Je m’allongeai sous la fraîche odeur des tilleuls,

Une rosée au bras, un pied dans les glaïeuls,

L’esprit clair. Couché sous ce vent, les yeux ouverts,

Je suivais une abeille au cœur des primevères.

 

Le ciel dansait dans un cadre mouvant d’herbe ;

Et la rosée observa de sa jolie voix :

« Il a les joues encore plus pourpres que moi »

Je souris ; cachée sous les ondoiements superbes

 

Des cheveux de l’été envahis de pénombre,

Sa main prit la mienne. Deux est un si beau nombre !

Des trilles allègres me parvenaient de loin.

 

Nous nous regardâmes d’un malicieux humour ;

Engourdi de vigueur, nos deux jeunes corps joints,

Je succombai au violent élan de l’amour !

 

Publié à une date inconnue

Thibault Desbordes, poète contemporain et chercheur en sciences cognitives à l’Université Paris Cité, incarne une fusion rare entre rigueur scientifique et sensibilité lyrique. Né dans une époque où la poésie est souvent jugée en déclin, il défend pourtant avec verve sa vitalité, comme en témoigne son discours de 2017 à la FFPU, où il proclame que « des poètes naissent tous les jours ». Son poème La Rosée, bien que non daté précisément, s’inscrit dans la lignée des œuvres amoureuses intemporelles par son dialogue entre émerveillement naturel et érotisme subtil. À travers des images sensorielles – l’odeur des tilleuls, le contact de la rosée, les primevères –, Desbordes tisse une scène d’intimité juvénile où la nature devient complice des amants : « Sa main prit la mienne. Deux est un si beau nombre ! ». Ce jeu entre observation botanique précise (« une abeille au cœur des primevères ») et métaphores corporelles (« cheveux de l’été envahis de pénombre ») révèle sa double casquette de scientifique et de romantique, créant un érotisme à la fois universel et délicatement pudique.

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