Un automne à Paris - Amin Maalouf
À l’amie qui est tombée,
Une chanson sur les lèvres,
Ensemble nous chanterons,
Main dans la main.
.
Pour tous ceux qui sont tombés,
Pour tous ceux qui ont pleuré,
Ensemble nous resterons,
Main dans la main.
.
Pour Paris, ses quais, sa brume,
La plage sous ses pavés,
La brise qui fait danser
Ses feuilles mortes.
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Paris, ses flâneurs, ses ombres,
Ses amoureux qui roucoulent,
Ses bancs publics, ses platanes,
Ses feuilles mortes.
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Paris qui s’éveille à l’aube,
Deux cafés noirs en terrasse,
Un jardinier qui moissonne
Ses feuilles mortes.
.
À l’amie qui est tombée,
Une chanson sur les lèvres,
Ensemble nous chanterons,
Main dans la main.
.
À ceux qui se sont battus
Pour que Paris reste libre,
Que Paris reste Paris,
La tête haute.
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Aux hommes qui sont venus
Des quatre coins de la Terre,
Dans l’unique espoir de vivre
La tête haute.
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Aux femmes qui ont subi
Humiliations et violences,
Pour avoir osé garder
La tête haute.
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Pour tous ceux qui sont tombés,
Pour tous ceux qui ont pleuré,
Ensemble nous resterons,
Main dans la main.
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Nous reprendrons les accents
Des aînés qui ne sont plus.
Leurs mots au milieu des nôtres,
Nous chanterons.
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« J’ai deux amours », « Douce France »,
« Non, je ne regrette rien »,
« Ami, entends-tu », « Paname »,
Nous chanterons.
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Dans la langue de Racine,
De Senghor, d’Apollinaire,
De Proust, de Kateb Yacine,
Nous chanterons.
.
À l’amie qui est tombée,
Une chanson sur les lèvres,
Ensemble nous chanterons,
Main dans la main.
.
À vous tous qui gardez foi
En la dignité de l’homme,
Dans tous les pays du monde,
Et pour toujours.
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L’avenir vous appartient,
Il vous donnera raison,
Il sera à votre image,
Et pour toujours.
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Vous pourrez voir refluer
Le fanatisme, la haine,
L’aveuglement, l’ignorance,
Et pour toujours.
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À l’amie qui est tombée,
Une chanson sur les lèvres,
Ensemble nous chanterons,
Main dans la main.
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Pour tous ceux qui sont tombés,
Pour tous ceux qui ont pleuré,
Ensemble nous resterons,
Main dans la main.
.
Que jamais plus la terreur
Ne vienne souiller nos villes,
Ni jamais jamais la haine
Souiller nos cœurs.
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Que la musique demeure,
Dans nos rues comme en nos âmes,
Pour toujours un témoignage
De liberté.
Janvier 2016
Je suis Amin Maalouf, né en 1949 à Beyrouth, écrivain et académicien franco-libanais. J’ai grandi dans un Liban riche de cultures et de langues, un carrefour entre l’Orient et l’Occident, qui a nourri mon imaginaire. Journaliste avant d’être romancier, j’ai souvent voyagé pour comprendre le monde, mais ce sont les mots qui m’ont permis de le raconter. Mes romans, comme Léon l’Africain et Les Identités meurtrières, explorent l’identité, l’exil et les ponts entre les cultures. En 2016, j’ai écrit Un automne à Paris, une chanson en hommage aux victimes des attentats de 2015, portée par la voix de Louane. Élu à l’Académie française en 2011, je souhaite que mon travail invite au dialogue et à la compréhension mutuelle. À travers mes écrits, je tente d’offrir un miroir des complexités humaines et des passerelles possibles entre nos différences.