Aux Hirondelles - Auguste Lacaussade
De l’aile effleurant mon visage,
Volez, doux oiseaux de passage,
Volez sans peur tout près de moi !
Avec amour je vous salue ;
Descendez du haut de la nue,
Volez, et n’ayez nul effroi !
Des mois d’or aux heures légères,
Venez, rapides messagères,
Venez, mes sœurs, je vous attends !
Comme vous je hais la froidure,
Comme vous j’aime la verdure,
Comme vous j’aime le printemps !
Vous qui des pays de l’aurore
Nous arrivez tièdes encore,
Dites, les froids vont donc finir !
Ah ! contez-nous de jeunes choses,
Parlez-nous de nids et de roses,
Parlez-nous d’un doux avenir !
Parlez-moi de soleil et d’ondes,
D’épis flottants, de plaines blondes,
De jours dorés, d’horizons verts ;
De la terre enfin réveillée,
Qui se mourait froide et mouillée
Sous le dais brumeux des hivers.
L’hiver, c’est le deuil de la terre !
Les arbres n’ont plus leur mystère ;
Oiseaux et bardes sont sans toits ;
Une bise à l’aile glacée
A nos fronts tarit la pensée,
Tarit la sève au front des bois.
Le ciel est gris, l’eau sans murmure,
Et tout se meurt ; sur la nature
S’étend le linceul des frimas.
Heureux, alors, sur d’autres plages,
Ceux qui vont chercher les feuillages
Et les beaux jours des beaux climats !
O très heureuses hirondelles !
Si comme vous j’avais des ailes,
J’irais me baigner d’air vermeil ;
Et, loin de moi laissant les ombres,
Je fuirais toujours les cieux sombres
Pour toujours suivre le soleil !
Saint-Nazaire, avril 1840 paru dans le recueil Poèmes et poésie sur le printemps (1852)
Je suis Auguste Lacaussade, né en 1815 à Saint-Denis de la Réunion, une belle île de l’océan Indien. J’ai toujours été fasciné par les paysages de mon enfance et la culture créole qui m’entoure. Mes premiers écrits sont profondément marqués par la beauté de la nature et les traditions de mon île. En 1848, j’ai eu l’honneur de participer à la fondation de la première société littéraire à la Réunion, et mes poèmes sont souvent empreints d’un sentiment de nostalgie et d’un désir de liberté. Je suis également un fervent défenseur de l’égalité sociale et de l’émancipation, ce qui transparaît dans mes vers. Au fil des années, j’ai écrit des recueils qui célèbrent le printemps et la vie, mêlant lyrisme et engagement. Je suis convaincu que la poésie peut changer le monde, un vers à la fois !