Le printemps - Auguste Angellier
Les bourgeons verts, les bourgeons blancs
Percent déjà le bout des branches,
Et, près des ruisseaux, des étangs
Aux bords parsemés de pervenches,
Teintent les arbustes tremblants ;
Les bourgeons blancs, les bourgeons roses,
Sur les buissons, les espaliers,
Vont se changer en fleurs écloses ;
Et les oiseaux, dans les halliers,
Entre eux déjà parlent de roses ;
Les bourgeons verts, les bourgeons gris,
Reluisant de gomme et de sève
Recouvrent l’écorce qui crève
Le long des rameaux amoindris ;
Les bourgeons blancs, les bourgeons rouges,
Sèment l’éveil universel,
Depuis les cours noires des bouges
Jusqu’au pur sommet sur lequel,
Ô neige éclatante, tu bouges ;
Bourgeons laiteux des marronniers,
Bourgeons de bronze des vieux chênes,
Bourgeons mauves des amandiers,
Bourgeons glauques des jeunes frênes,
Bourgeons cramoisis des pommiers,
Bourgeons d’ambre pâle du saule,
Leur frisson se propage et court,
À travers tout, vers le froid pôle,
Et grandissant avec le jour
Qui lentement sort de sa geôle,
Jette sur le bois, le pré,
Le mont, le val, les champs , les sables,
Son immense réseau tout prêt
À s’ouvrir en fleurs innombrables
Sur le monde transfiguré.
1903 dans son recueil Le chemin des saisons
Je suis Auguste Angellier, né en 1848 à Lille, et la poésie a toujours été ma passion et mon refuge. Dans mon poème « Le printemps », j’explore la magie de cette saison où la nature reprend vie, apportant avec elle une vague de fraîcheur et de renouveau. J’ai toujours été inspiré par les paysages et les émotions que le printemps suscite, et j’aime dépeindre ces moments éphémères avec une sensibilité particulière. En tant que poète et critique littéraire, j’ai cherché à marier la beauté des mots avec des thèmes profonds, touchant à la fois à l’amour, à la nature et à la condition humaine. J’espère que mes écrits résonnent avec ceux qui, comme moi, trouvent de la joie et de l’émerveillement dans le cycle des saisons, et que mes vers encouragent chacun à apprécier la beauté qui nous entoure.