Après trois ans – Paul Verlaine
Ayant poussé la porte étroite qui chancelle,
Je me suis promené dans le petit jardin
Qu’éclairait doucement le soleil du matin,
Pailletant chaque fleur d’une humide étincelle.
Rien n’a changé. J’ai tout revu : l’humble tonnelle
De vigne folle avec les chaises de rotin…
Le jet d’eau fait toujours son murmure argentin
Et le vieux tremble sa plainte sempiternelle.
Les roses comme avant palpitent ; comme avant,
Les grands lys orgueilleux se balancent au vent,
Chaque alouette qui va et vient m’est connue.
Même j’ai retrouvé debout la Velléda,
Dont le plâtre s’écaille au bout de l’avenue,
– Grêle, parmi l’odeur fade du réséda.
1866, dans le recueil Poèmes saturniens.
Je suis Paul Verlaine, né en 1844 à Metz. Poète avant tout, j’ai laissé mes vers parler de mes tourments, de mes passions et des saisons qui colorent la vie. Dans mon poème Après trois ans, j’évoque un été révolu, un souvenir d’amour et de nature qui reste gravé en moi. À travers mes mots, je mêle la douceur de la saison estivale à un sentiment nostalgique, reflet de ma propre vie, souvent marquée par des amours tumultueuses et des regrets. Mon écriture oscille entre des vers tendres et des images puissantes, capturant la beauté et l’éphémère de la vie. Ce poème, comme tant d’autres dans Poèmes saturniens, montre ma fascination pour le temps qui passe et l’empreinte laissée par les saisons.