C'est la fête du blé, c'est la fête du pain … - Paul Verlaine
C’est la fête du blé, c’est la fête du pain
Aux chers lieux d’autrefois revus après ces choses !
Tout bruit, la nature et l’homme, dans un bain
De lumière si blanc que les ombres sont roses.
L’or des pailles s’effondre au vol siffleur des faux
Dont l’éclair plonge, et va luire, et se réverbère.
La plaine, tout au loin couverte de travaux,
Change de face à chaque instant, gaie et sévère.
Tout halète, tout n’est qu’effort et mouvement
Sous le soleil, tranquille auteur des moissons mûres,
Et qui travaille encore imperturbablement
À gonfler, à sucrer là-bas les grappes sûres.
Travaille, vieux soleil, pour le pain et le vin,
Nourris l’homme du lait de la terre, et lui donne
L’honnête verre où rit un peu d’oubli divin.
Moissonneurs, vendangeurs là-bas ! votre heure est bonne !
Car sur la fleur des pains et sur la fleur des vins,
Fruit de la force humaine en tous lieux répartie,
Dieu moissonne, et vendange, et dispose à ses fins
La Chair et le Sang pour le calice et l’hostie !
1880 – publié dans le Recueil Sagesse Partie III
Je suis Paul Verlaine, né en 1844, et ma poésie est un mélange d’émotions contradictoires, de rêves et de réalités. Dans mon poème C’est la fête du blé, c’est la fête du pain…, je célèbre l’été d’une manière douce et presque nostalgique, en évoquant la récolte et la simplicité des plaisirs de la vie. L’été, pour moi, est une saison où les choses simples, comme le pain ou le blé, prennent une dimension symbolique, un peu comme un retour aux racines. Ce poème parle de cette fête de la nature, où le fruit de la terre est célébré, mais aussi de la fragilité de l’existence humaine. Dans Sagesse, j’essaie de capturer cette dualité : entre la joie de vivre, le travail de la terre, et l’ombre de la mort qui guette toujours. C’est un poème à la fois lumineux et mélancolique, comme un instant figé dans la chaleur de l’été.