C'est l'été.. - Jacques Prévert
C’est l’été, de jeunes garçons, des enfants, font le tour des alignements de Carnac en racontant aux touristes le mystère des pierres levées.
Bien sûr, ils ont appris cela par cour, mais leur voix monocorde et chantante garde le charme secret du rêve éveillé, comme s’ils y croyaient, comme s’ils y étaient.
Le même charme que celui des petites filles qui vendent les colliers de coquillages au pied du phare d’Eckmùhl, ou qui disent devant les rochers de Saint-Guénolé, la triste histoire d’un préfet ou d’un sous-préfet emporté par une lame de fond avec sa petite famille, un jour de grande marée.
La Bretagne, la poésie c’est le même pays, celui de Sévy Valner qui ressemble à ces enfants.
Est-il poète simplement parce qu’il est jeune ou surtout parce qu’il est Breton?
Sans l’avoir entendue il a déjà répondu à la question.
« Il suffit peut-être de le demander à la nuit, quand elle se drape d’un linceul vert-de-gris et parle à travers l’oubli. »
1946 – dans le recueil Paroles
Je suis Jacques Prévert, né en 1900, et ma poésie est une fenêtre ouverte sur la vie quotidienne, l’amour, et la liberté. Dans mon poème C’est l’été…, j’évoque cette saison avec une simplicité toute particulière, capturant l’essence de l’été dans ses moments les plus quotidiens, comme un parfum d’insouciance et de lumière. L’été, pour moi, c’est ce moment suspendu où le monde semble plus léger, plus libre, un temps où les soucis s’effacent et où l’on se laisse porter par l’instant. À travers mes vers, j’aime jouer avec les mots, les images, pour rendre ce passage de l’été à l’automne presque imperceptible, mais tout de même poignant. J’ai voulu, dans ce poème, montrer que l’été n’est pas seulement une saison, mais une émotion à vivre, pleine de joie, de chaleur et de liberté, comme une simple mais belle évasion.