La demeure en juillet - Anna de Noailles
La demeure en juillet, pendant l’après-midi.
A l’ombre des volets la chambre s’acclimate ;
Le silence est heureux, calme, doux, attiédi,
Pareil au lait qui dort dans une fraîche jatte.
*
La pendule de bois fait un bruit lent, hardi,
Semblable à quelque chat qui pousse avec sa patte
Les instants, dont l’un chante et l’autre est assourdi.
Le soleil va et vient dans l’ombre délicate.
*
Tout est tendre, paisible, encouragé, charmant,
On dirait que la joie auprès de nous habite ;
Pourtant l’on ne se sent aucun attachement…
Pourquoi n’est-ce jamais dans ces instants qu’on quitte
La vie, avec son grand espace de tourment ?
1907 – Les éblouissements
Je suis Anna de Noailles, née en 1876, et ma poésie est un reflet de mes émotions profondes et de ma passion pour la nature, l’amour et le temps qui passe. Dans mon poème La demeure en juillet, j’évoque l’été sous un jour intime, presque méditatif. L’été, pour moi, n’est pas seulement une saison de chaleur, mais un moment où la vie prend une dimension plus éclatante, plus lumineuse. Dans ce poème, je parle de la maison en juillet, de la lumière qui inonde chaque pièce, et de la paix qui semble régner, comme si tout était suspendu dans la beauté de l’instant. C’est un poème où l’intimité de l’été se mêle à la contemplation, où la chaleur du mois de juillet devient une métaphore de la plénitude et de la sérénité. Une invitation à savourer chaque moment de l’existence.