La mer odorante - Joachim Gasquet
Tu regardais la mer…Couché sur la falaise,
Je te voyais debout au bord de la fournaise
Où brûlaient, au-dessus des flots, les rocs épars.
Pas un souffle. Les pins craquaient. De toutes parts,
Un soleil dévorant s’abattait sur les choses,
Et toi, qui respirais une touffe de roses,
Distraitement, sur les rochers tu t’effeuillas…
On voyait sous les pins scintiller les villas ;
L’herbe sèche cherchait l’ombre maigre des branches
Et le sable enflammé buvait les vagues blanches.
Rien ne pouvait subir la fureur de l’éther.
Tout dormait. Et toi seule, au-dessus de la mer,
Tu te dressais, sauvage, avec ta chevelure
A moitié déroulée, et tendant ta figure
Aux rayons enflammés de l’astre, tu parus
Un moment, tant l’air chaud tremblait sur tes bras nus,
Etre l’autel vivant de l’ardent paysage,
Et je voyais la mer adorer ton visage.
Date de publication inconnue
Je suis Joachim Gasquet, né en 1873, et ma poésie est une quête de sens à travers la beauté de la nature et de l’esprit humain. Dans mon poème La mer odorante, j’évoque l’été d’une manière sensorielle, en mettant l’accent sur les odeurs, les sons et les sensations qui remplissent l’air marin. Pour moi, l’été n’est pas seulement une période de chaleur, mais un véritable festival de perceptions, où la mer devient un personnage, presque vivant, qui emplit l’espace de ses parfums et de sa force. J’aime donner à la nature une dimension presque magique, où chaque détail devient une source de contemplation. Dans ce poème, la mer odorante est une métaphore de l’intensité de la vie, un lieu où la chaleur et la lumière révèlent les mystères du monde. C’est une invitation à se laisser imprégner par la beauté simple et profonde de l’été.