Patience - Arthur Rimbaud
Aux branches claires des tilleuls
Meurt un maladif hallali.
Mais des chansons spirituelles
Voltigent partout les groseilles.
Que notre sang rie en nos veines,
Voici s’enchevêtrer les vignes.
Le ciel est joli comme un ange,
Azur et Onde communient.
Je sors ! Si un rayon me blesse,
Je succomberai sur la mousse.
Qu’on patiente et qu’on s’ennuie,
C’est si simple !… Fi de ces peines !
Je veux que l’été dramatique
Me lie à son char de fortune.
Que par toi beaucoup, ô Nature,
— Ah ! moins nul et moins seul ! je meure.
Au lieu que les bergers, c’est drôle,
Meurent à peu près par le monde.
Je veux bien que les saisons m’usent.
À toi, Nature ! je me rends,
Et ma faim et toute ma soif ;
Et, s’il te plaît, nourris, abreuve.
Rien de rien ne m’illusionne ;
C’est rire aux parents qu’au soleil ;
Mais moi je ne veux rire à rien,
Et libre soit cette infortune.
écrit en 1871 et publié dans le recueil Poésies
Je suis Arthur Rimbaud, né en 1854, et ma poésie est un voyage à travers les sens, les visions et la révolte contre le quotidien. Dans Patience, j’évoque l’été d’une manière particulière, en capturant la lenteur et la chaleur de cette saison, mais aussi son potentiel de transformation. L’été, pour moi, n’est pas seulement une période de lumière intense, mais aussi un moment où la nature, le temps et les émotions semblent s’étirer. Dans ce poème, je parle de cette attente, de cette patience imposée par la chaleur, comme un passage nécessaire avant un éventuel bouleversement. J’aime jouer avec les images, les métaphores et les sensations, et Patience est une invitation à observer, à ressentir, et à accepter le temps qui passe. C’est un poème où l’été devient un espace entre le calme et l’effervescence, une période de tension avant l’explosion créatrice.