Tristesse d’été - Stéphane Mallarmé
Le soleil, sur le sable, ô lutteuse endormie,
En l’or de tes cheveux chauffe un bain langoureux
Et, consumant l’encens sur ta joue ennemie,
Il mêle avec les pleurs un breuvage amoureux.
De ce blanc flamboiement l’immuable accalmie
T’a fait dire, attristée, ô mes baisers peureux
“Nous ne serons jamais une seule momie
Sous l’antique désert et les palmiers heureux !”
Mais la chevelure est une rivière tiède,
Où noyer sans frissons l’âme qui nous obsède
Et trouver ce Néant que tu ne connais pas.
Je goûterai le fard pleuré par tes paupières,
Pour voir s’il sait donner au coeur que tu frappas
L’insensibilité de l’azur et des pierres.
1899 – dans son recueil Poésies.
Je suis Stéphane Mallarmé, né en 1842, et ma poésie est un voyage dans l’abstraction, le symbolisme et la quête du sens à travers les mots. Dans Tristesse d’été, j’évoque cette saison avec une mélancolie particulière, où la chaleur et la lumière semblent amplifiées par une forme de nostalgie. L’été, pour moi, n’est pas seulement une période de lumière et de joie, mais aussi un moment de réflexion sur l’éphémérité du temps et la fuite de l’instant. Dans ce poème, la chaleur estivale devient presque oppressante, une métaphore de la fragilité de la vie et de l’âme humaine. Tristesse d’été est une manière pour moi de jouer avec la lumière et l’ombre, de montrer que derrière la beauté de l’été se cache une forme de solitude et de quête intérieure. C’est une invitation à ressentir la profondeur de la saison, au-delà de sa surface éclatante.