Le sentier - Théophile Gautier
Il est un sentier creux dans la vallée étroite,
Qui ne sait trop s’il marche à gauche ou bien à droite.
— C’est plaisir d’y passer, lorsque Mai sur ses bords,
Comme un jeune prodigue, égrène ses trésors ;
L’aubépine fleurit ; les frêles pâquerettes,
Pour fêter le printemps, ont mis leurs collerettes.
La pâle violette, en son réduit obscur,
Timide, essaie au jour son doux regard d’azur,
Et le gai bouton d’or, lumineuse parcelle,
Pique le gazon vert de sa jaune étincelle.
Le muguet, tout joyeux, agite ses grelots,
Et les sureaux sont blancs de bouquets frais éclos ;
Les fossés ont des fleurs à remplir vingt corbeilles,
À rendre riche en miel tout un peuple d’abeilles.
Sous la haie embaumée un mince filet d’eau
Jase et fait frissonner le verdoyant rideau
Du cresson. — Ce sentier, tel qu’il est, moi je l’aime
Plus que tous les sentiers où se trouvent de même
Une source, une haie et des fleurs ; car c’est lui,
Qui, lorsque au ciel laiteux la lune pâle a lui,
À la brèche du mur, rendez-vous solitaire
Où l’amour s’embellit des charmes du mystère,
Sous les grands châtaigniers aux bercements plaintifs,
Sans les tromper jamais, conduit mes pas furtifs.
1830 dans son recueil Premières poésies
Je suis Théophile Gautier, né en 1811 à Tarbes, et la poésie a toujours été ma passion. Dans mon poème Le sentier, je parle de la beauté des chemins que l’on emprunte, que ce soit dans la nature ou dans la vie. J’ai toujours été fasciné par les paysages, et ce poème capture l’essence de ces moments de contemplation où l’on se perd dans ses pensées tout en étant entouré par la magie de la nature. En tant que poète et critique, j’ai cherché à marier l’esthétique et l’émotion, célébrant l’art pour l’art. Mon style est souvent riche et coloré, reflétant mon amour pour les images et les sensations. J’espère que mes mots résonnent avec ceux qui aiment se promener sur ces sentiers, à la recherche de beauté et d’inspiration, car chaque pas peut révéler un monde nouveau à explorer.