Veillée d’avril - Jules Laforgue

Il doit être minuit. Minuit moins cinq. On dort.

Chacun cueille sa fleur au vert jardin des rêves,

Et moi, las de subir mes vieux remords sans trêves,

Je tords mon cœur pour qu’il s’égoutte en rimes d’or.

 

Et voilà qu’à songer me revient un accord,

Un air bête d’antan, et sans bruit tu te lèves

Ô menuet, toujours plus gai, des heures brèves

Où j’étais simple et pur, et doux, croyant encor.

 

Et j’ai posé ma plume. Et je fouille ma vie

D’innocence et d’amour pour jamais défleurie,

Et je reste longtemps, sur ma page accoudé,

 

Perdu dans le pourquoi des choses de la terre,

Ecoutant vaguement dans la nuit solitaire

Le roulement impur d’un vieux fiacre attardé.

 

1887 dans le recueil Derniers Vers à titre posthume

Je suis Jules Laforgue, né en 1860 à Buenos Aires, mais j’ai passé la majeure partie de ma vie en France, où la poésie est devenue ma passion. Dans mon poème « Veillée d’avril », j’évoque la douceur et la mélancolie de cette période de transition entre l’hiver et le printemps. J’aime capturer les émotions complexes qui accompagnent le réveil de la nature, et ce poème reflète mon penchant pour l’introspection et le lyrisme. Mon style est souvent marqué par un mélange d’ironie et de sensibilité, cherchant à exprimer les nuances des sentiments humains. À travers mes vers, j’espère inviter les lecteurs à ressentir la magie des soirées d’avril, où l’air se réchauffe et les promesses de renouveau se dessinent. Pour moi, chaque poème est une invitation à contempler le monde avec des yeux émerveillés et à apprécier les petites merveilles de la vie qui nous entourent.

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