Les chèvres d’Aix - Louis Genari
Pour vendre votre lait aux clients réguliers,
Deux fois par jour, le maître, à la ville vous mène.
Au soir, le soleil large incendiant la plaine
D’où rentrent les agneaux et les rudes béliers,
Vous allez par les vieux carrefours familiers,
Et vous nous apportez, à cette heure sereine,
Le grand calme des champs avec l’odeur de laine
Et tous les sons lointains pendus à vos colliers.
A l’aube, vous partez reclochetant encore,
Bonnes chèvres du soir, maintenant, à l’aurore
Vous versez un lait pur, doux comme le matin
En tintinnabulant comme à des épousailles ;
Et, lorsque vous passez, je m’éveille soudain
Au carillon joyeux et clair de vos sonnailles.
Date de publication inconnue
Louis Genari, poète discret mais profondément ancré dans l’âme provençale, évoque avec tendresse la douceur de vivre à Aix-en-Provence. Dans Les chèvres d’Aix, il saisit un instant du quotidien, où ces animaux familiers rythment la vie de la ville et de la campagne environnante. À travers une poésie lumineuse et délicate, il restitue l’atmosphère paisible des ruelles aixoises baignées de soleil, où résonnent les sonnailles des troupeaux. Ses vers, pleins de simplicité et d’émotion, rappellent l’héritage pastoral de la Provence, tout en célébrant une nature encore présente dans le cœur de la cité. À l’image des paysages peints par Cézanne, la poésie de Genari est une ode à la lumière, aux traditions et aux scènes bucoliques qui font le charme intemporel du sud.
