Les matins - Léo Larguier
Quand le soir descend ou que la nuit est venue, il faut se perdre dans les étroites rues (…). On entre dans le noble passé d’Avignon, dans ce qui est sa gloire, sa poésie et son charme. Des coins d’ombre, des noirs d’eau-forte sont égratignés par la lumière d’une lampe, un corridor ouvert montre une voûte de chapelle gothique ; les lourdes portes cloutées sont fermées, et derrière les barreaux de fer des fenêtres grillées on verrait parfaitement quelque blonde Florentine attendant l’heure de la sérénade.
(…) Entre juin et octobre, les belles nuits d’Avignon ont toujours un air de fête populaire au XIIIème siècle, une gaîté qui ne manque jamais d’élégance et, même sur les placettes les plus désertes, il y a comme un écho de violon, un reflet de lanterne vénitienne.
Derrière Saint Didier il y a sur une placette une petite maison appuyée au vieux mur de l’église. Elle n’a qu’un étage et, de sa fenêtre, en étendant le bras on doit pouvoir toucher la Vierge de pierre qui est dans une niche. Deux croisées à rideau bleu tendre, une plante dans un pot. Ce modeste appartement est loué, mais chaque fois je regrette de n’en être point le locataire.
Date de publication inconnue
Léo Larguier, poète et écrivain au regard nostalgique, a souvent puisé son inspiration dans les paysages et les atmosphères des villes qu’il a traversées. Dans Les matins, il évoque Avignon au réveil, baignée par la lumière douce du jour naissant. Son écriture, fluide et sensible, saisit l’instant fragile où la cité des Papes sort lentement du silence nocturne pour retrouver son effervescence. Passionné par le patrimoine et les traditions, Larguier a su capter l’âme d’Avignon, entre histoire et poésie, entre grandeur passée et quotidien lumineux. Son style, à la fois simple et évocateur, fait de chaque vers une invitation à flâner dans les ruelles encore endormies, à écouter le murmure du Rhône et à redécouvrir la ville sous un angle intime et poétique.