Le Pont Mirabeau - Guillaume Apollinaire

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

Et nos amours

Faut-il qu’il m’en souvienne

La joie venait toujours après la peine

 

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

 

Les mains dans les mains restons face à face

Tandis que sous

Le pont de nos bras passe

Des éternels regards l’onde si lasse

 

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

 

L’amour s’en va comme cette eau courante

L’amour s’en va

Comme la vie est lente

Et comme l’Espérance est violente

 

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

 

Passent les jours et passent les semaines

Ni temps passé

Ni les amours reviennent

Sous le pont Mirabeau coule la Seine

 

Vienne la nuit sonne l’heure

Les jours s’en vont je demeure

 

1913 –  Alcools

Portrait de Guillaume ApollinaireJe suis Guillaume Apollinaire, né en 1880, et ma poésie est un mélange de modernité, de tradition et de quête d’émotion universelle. Dans Le Pont Mirabeau, j’évoque Paris à travers le prisme de l’amour perdu et du temps qui s’écoule, tel le flot ininterrompu de la Seine. Paris, pour moi, est à la fois un lieu de mémoire et un témoin du passage des sentiments humains, où chaque pont et chaque rue porte les échos des joies et des peines. Dans ce poème, je parle du pont comme d’un symbole de connexion, mais aussi de séparation, entre ce qui fut et ce qui sera. Le Pont Mirabeau illustre l’idée que la vie, comme la Seine, continue toujours, même quand l’amour s’éloigne. C’est une réflexion sur le temps et l’éternel mouvement de la ville, entre mélancolie et renouveau.

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