Mai - Victor Hugo

Je ne laisserai pas se faner les pervenches

Sans aller écouter ce qu’on dit sous les branches

Et sans guetter, parmi les rameaux infinis,

La conversation des feuilles et des nids.

Il n’est qu’un dieu, l’amour ; avril est son prophète.

Je me supposerai convive de la fête

Que le pinson chanteur donne au pluvier doré ;

Je fuirai de la ville, et je m’envolerai

– Car l’âme du poëte est une vagabonde –

Dans les ravins où mai plein de roses abonde.

Là, les papillons blancs et les papillons bleus,

Ainsi que le divin se mêle au fabuleux,

Vont et viennent, croisant leurs essors gais et lestes,

Si bien qu’on les prendrait pour des lueurs célestes.

Là, jasent les oiseaux, se cherchant, s’évitant ;

Là, Margot vient quand c’est Glycère qu’on attend ;

L’idéal démasqué montre ses pieds d’argile ;

On trouve Rabelais où l’on cherchait Virgile.

Ô jeunesse ! ô seins nus des femmes dans les bois !

Oh ! quelle vaste idylle et que de sombres voix !

Comme tout le hallier, plein d’invisibles mondes,

Rit dans le clair-obscur des églogues profondes !

J’aime la vision de ces réalités ;

La vie aux yeux sereins luit de tous les côtés ;

La chanson des forêts est d’une douceur telle

Que, si Phébus l’entend quand, rêveur, il dételle

Ses chevaux las souvent au point de haleter,

Il s’arrête, et fait signe aux Muses d’écouter.

 

1831 dans le recueil Les Feuilles d’automne

Je suis Victor Hugo, né en 1802 à Besançon, et la poésie a toujours été une partie essentielle de ma vie. Dans mon poème « Mai », je célèbre la beauté du printemps, une saison pleine de promesses où la nature s’éveille dans toute sa splendeur. J’ai toujours été fasciné par les changements que cette saison apporte, et mes vers évoquent la joie et la lumière qui s’installent après les froides semaines d’hiver. Mon style est riche et lyrique, cherchant à capturer les émotions profondes et l’essence de la vie. À travers mes mots, j’espère toucher le cœur des lecteurs et les inciter à ressentir l’émerveillement que le printemps suscite. Pour moi, chaque poème est une invitation à célébrer la beauté du monde qui nous entoure, et « Mai » incarne parfaitement cette quête de lumière et de joie, rappelant à chacun de nous l’importance de se reconnecter à la nature.

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