Mouettes, gris et goélands - Jean Richepin
Mouettes, gris et goélands
Mêlent leurs cris et leurs élans.
Leur vol fou qui passe et repasse
Tend comme un filet dans l’espace.
Mouettes, goélands et gris
Mêlent leurs élans et leurs cris.
Parmi les mailles embrouillées
Grincent des navettes rouillées.
Mouettes, gris et goélands
Mêlent leurs cris et leurs élans.
Ces navettes à l’acier mince,
C’est leur voix aiguë et qui grince.
Mouettes, goélands et gris
Mêlent leurs élans et leurs cris.
On voit luire en l’air dans les mailles
Des ors, des nacres, des écailles.
Mouettes, gris et goélands
Mêlent leurs cris et leurs élans.
C’est un poisson que l’un attrape
Et qu’au passage un autre happe.
Mouettes, goélands et gris
Mêlent leurs élans et leurs cris.
Holà ! ho ! Du cœur à l’ouvrage !
La mer grossit. Proche est l’orage.
Mouettes, gris et goélands
Doublent leurs cris et leurs élans.
Mais soudain, clamant la tempête,
Le pétrel noir au loin trompette.
Mouettes, goélands et gris
Brisent leurs élans et leurs cris.
Vite, vers leurs grottes fidèles
Ils retournent à tire d’ailes.
Mouettes, gris et goélands
Rentrent leurs cris et leurs élans.
Lui, sa clameur stridente augmente.
Quand vient ce roi de la tourmente,
Mouettes, goélands et gris
N’ont plus d’élans, n’ont plus de cris.
1894 – dans son recueil La Mer
Je suis Jean Richepin, né en 1849, et ma poésie est un mélange de réalisme, de passion et de sensualité. Dans Mouettes, gris et goélands, j’évoque l’été à travers l’image de la mer et de ses oiseaux, ces créatures libres et sauvages qui symbolisent pour moi l’intensité de la nature. L’été, pour moi, est une période où tout semble plus vivant, plus vibrant, où la mer devient un espace où la liberté et la beauté s’expriment pleinement. Dans ce poème, je cherche à capturer la dynamique des oiseaux, leur vol gracieux et leur relation avec l’immensité de l’océan. J’aime décrire la mer avec une énergie brute, comme une force qui façonne tout autour d’elle. Mouettes, gris et goélands est une invitation à ressentir l’appel de la mer, à se laisser emporter par la beauté sauvage de l’été et des éléments.