Premier sourire du printemps - Théophile Gautier
Tandis qu’à leurs oeuvres perverses
Les hommes courent haletants,
Mars qui rit, malgré les averses,
Prépare en secret le printemps.
Pour les petites pâquerettes,
Sournoisement lorsque tout dort,
Il repasse des collerettes
Et cisèle des boutons d’or.
Dans le verger et dans la vigne,
Il s’en va, furtif perruquier,
Avec une houppe de cygne,
Poudrer à frimas l’amandier.
La nature au lit se repose ;
Lui descend au jardin désert,
Et lace les boutons de rose
Dans leur corset de velours vert.
Tout en composant des solfèges,
Qu’aux merles il siffle à mi-voix,
Il sème aux prés les perce-neiges
Et les violettes aux bois.
Sur le cresson de la fontaine
Où le cerf boit, l’oreille au guet,
De sa main cachée il égrène
Les grelots d’argent du muguet.
Sous l’herbe, pour que tu la cueilles,
Il met la fraise au teint vermeil,
Et te tresse un chapeau de feuilles
Pour te garantir du soleil.
Puis, lorsque sa besogne est faite,
Et que son règne va finir,
Au seuil d’avril tournant la tête,
Il dit : » Printemps, tu peux venir ! «
1852 dans le recueil : Émaux et Camées
Je suis Théophile Gautier, né en 1811 à Tarbes, et la poésie a toujours été ma façon de célébrer la beauté de la vie. Dans mon poème « Premier sourire du printemps », je capture l’émerveillement et la joie que le retour de cette saison apporte. J’ai toujours été fasciné par la nature et ses métamorphoses, et ce poème reflète mon amour pour les premiers signes de renouveau, comme les fleurs qui éclosent et le doux chant des oiseaux. Mon style, riche et lyrique, cherche à évoquer des émotions profondes et à créer des images vivantes dans l’esprit des lecteurs. À travers mes vers, j’espère inviter chacun à ressentir la magie de ce moment où la nature se réveille, car chaque sourire du printemps est une promesse de joie et de lumière. Pour moi, la poésie est un hommage à la beauté et à la sensibilité, un moyen de partager les merveilles du monde.