Roses d’automne - Nérée Beauchemin

Aux branches que l’air rouille et que le gel mordore,

Comme par un prodige inouï du soleil,

Avec plus de langueur et plus de charme encore,

Les roses du parterre ouvrent leur coeur vermeil.

 

Dans sa corbeille d’or, août cueillit les dernières :

Les pétales de pourpre ont jonché le gazon.

Mais voici que, soudain, les touffes printanières

Embaument les matins de l’arrière-saison.

 

Les bosquets sont ravis, le ciel même s’étonne

De voir, sur le rosier qui ne veut pas mourir,

Malgré le vent, la pluie et le givre d’automne,

Les boutons, tout gonflés d’un sang rouge, fleurir.

 

En ces fleurs que le soir mélancolique étale,

C’est l’âme des printemps fanés qui, pour un jour,

Remonte, et de corolle en corolle s’exhale,

Comme soupirs de rêve et sourires d’amour.

 

Tardives floraisons du jardin qui décline,

Vous avez la douceur exquise et le parfum

Des anciens souvenirs, si doux, malgré l’épine

De l’illusion morte et du bonheur défunt.


1928 dans son recueil Patrie intime

Je suis Nérée Beauchemin, né en 1850 à Yamachiche, au Québec, poète et médecin de profession. Tout au long de ma vie, j’ai su équilibrer la science et la poésie, deux passions qui, pour moi, se complètent. Mon travail de médecin m’a permis de côtoyer la vie rurale et de m’imprégner des paysages québécois, que j’ai souvent célébrés dans mes écrits. Avec mon recueil Patrie intime, j’ai cherché à exprimer l’amour de mon pays, les saisons, et les traditions, tout en rendant hommage à mes racines et aux gens de ma région. Mon poème « Roses d’automne » est un reflet de cette sensibilité pour la nature et le passage du temps. Par ma poésie, j’ai voulu offrir au lecteur un regard tendre et nostalgique sur le Québec, un lieu où le cœur et les souvenirs se rejoignent pour célébrer la beauté simple de la vie.

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