Soupir - Stéphane Mallarmé
Mon âme vers ton front où rêve, ô calme soeur,
Un automne jonché de taches de rousseur,
Et vers le ciel errant de ton oeil angélique
Monte, comme dans un jardin mélancolique,
Fidèle, un blanc jet d’eau soupire vers l’Azur !
– Vers l’Azur attendri d’Octobre pâle et pur
Qui mire aux grands bassins sa langueur infinie
Et laisse, sur l’eau morte où la fauve agonie
Des feuilles erre au vent et creuse un froid sillon,
Se traîner le soleil jaune d’un long rayon.
1866 dans Le Parnasse contemporain
Je suis Stéphane Mallarmé, né en 1842 à Paris, et j’ai voué ma vie à la quête d’une poésie pure, qui transcende les mots eux-mêmes. Professeur d’anglais de métier, j’ai souvent jonglé entre mes obligations et mon besoin d’écrire, cherchant sans cesse à exprimer l’indicible. Mes poèmes, comme Soupir, publié en 1866, plongent dans les subtilités de l’âme, explorant des thèmes de rêve, de mystère et de beauté idéale. Avec mes amis poètes du mouvement symboliste, j’ai voulu dépasser la simple description pour que chaque vers devienne une porte vers un autre monde. Le langage est pour moi un labyrinthe fascinant, et mon écriture se veut à la fois complexe et énigmatique. Jusqu’à la fin, j’ai poursuivi cet idéal, espérant que mes mots, bien que parfois obscurs, suscitent la réflexion et touchent les âmes en quête de beauté.
